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15/12/2020

Tarzanide n° 465

 

Ceux – celles se préoccupant de la Presse illustrée à l’attention de la jeunesse n’ont pas manqué de réagir : Qu’un politicien de Droite achète le titre PIF GADGET, journal de Gauche communiste, fait jaser – et pas forcément en bien.

 

 

PIF est un chien anthropomorphique humoristique d’abord dessiné par Arnal, espagnol politisé. Je connus sa bestiole dès ma petite enfance en bas d’une des pages du quotidien stalinien L’HUMANITÉ : Eh ouais ! Chaque midi, sauf le dimanche. Il y avait quatre images amusantes : PIF le bon chien-chien domestique avait pour devoir de tenir éloigné de la maisonnette de Tata et Tonton un chat noir vagabond, donc maraudeur surnommé HERCULE. Un chat à mine patibulaire dont la physionomie était encore rendue plus menaçante par un pansement collé en forme de croix, comme cela se faisait aussi pour les gangsters américains caricaturés. Ce petit félin incarne l’individu asocial, celui qui se plie mal aux contraintes d’une collectivité prônée par Karl Marx plus de deux mille ans après celle théorisée par l’académicien Platon surnommé « Le Boeuf » par ses contemporains. Lorsque je lisais PIF c’était l’époque où sur la première page de L’HUMANITÉ les camarades foulard rouge s’énervaient entre eux, de formules imprimées du genre : Eisenhower prépare la Troisième Guerre Mondiale ! L’époque où Montant Yves et Signoret Simone se préparaient à jouer les « couillons utiles » en faveur des soviétiques.

 

 

Par la suite, PIF LE CHIEN fut affiché comme une tête de gondole dans le bandeau-titre  VAILLANT, un hebdomadaire complètement inspiré des grandes sunday pages américaines. Mais, chut ! Il ne fallait surtout pas en parler.

 

 

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C’est en 1969 que le Parti des travailleurs grévistes en perte de vitesse dans ses adhérents autant que dans ses journaux, fabriqua PIF GADGET en remplacement de son VAILLANT déficitaire.

 

Doc Jivaro

 

12/12/2020

Tarzanide n° 464

 

KIWI : Mieux qu’un mot, un nom. Celui d’un oiseau en même temps que celui d’un fruit pas du tout apprécié par Doc Jivaro. Mais aussi celui d’une marque de cirage … Celui, enfin, d’un format de poche BD dont la carrière commença en 1955. Doc Jivaro en acheta le numéro 1 qu’aujourd’hui encore il regrette d’avoir échangé contre d’autres journaux venus d’un collégien du même âge que lui et qu’il connût en cinquième du collège technique alors récemment construit « à Fonbouillant ». Cet adolescent habitait en haut des côtes de Châtelard. Pour y accéder il fallait appuyer fort sur les manivelles d’une bicyclette. C’est même au sortir d’un des virages que je faillis percuter de face une automobile dont je n’avais encore jamais vu la forme. Une DS à capot « aérodynamique ».

 

Mardi précédent j’ai tenu un commentaire assez bref sur le cas de Antonio De Vita, créateur de MIRKO le Petit Duc. Je récidive ici, feuilletant non plus son numéro 15 mais son numéro 50.

 

 

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J’ai souligné, comme beaucoup avant moi, les invraisemblances, disons : le fantastique de certaines architectures dessinées par Devi. Il y avait chez lui une forte tendance à étirer comme à l’infini les perspectives. Cette exagération à pu s’exprimer, aussi, dans un combat à mort entre deux adversaires : STENKA, précepteur de MIRKO, et le père de MIRKO, le duc de Milloutintin (Babinet comprendra). C’est un combat dessiné sur au moins dix pages, ce qui constitue un record dans l’histoire de bande dessinée. Tout y passe : coups de poings, prises de jiu-jitsu, gréco-romaine, jusqu’à se lancer des rochers et un animal fauve … De « l’homérien » ou, si vous préférez, comme dans la nuit de noces de l’Irlandais, de l’homérique.

 

 

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Mais le plus étonnant n’est-il pas que la censure pendant les années 50, refusant toutes images de violence dans les journaux pour la jeunesse, ait laissé publier telle quelle cette série d’images ?

 

Doc Jivaro, pour un de ces prochains jours, vous reparlera de MIRKO le Petit Duc : Savez-vous qu’un des éléments (le robot Robby) du film américain, année 1956, « Planète Interdite » fut employé par Devi pendant l’une des aventurlures du fils du Duc Méloupin et que j’ai rattaché DEVI aux Surréalistes tout simplement parce qu’à ses débuts MIRKO dut déserter la République de Maldoror dont le nom est aussi celui du roman célèbre signé sous le pseudonyme d'un Comte de Lautréamont.

 

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Doc Jivaro

09/12/2020

Tarzanide n° 463

 

De la drolatique pataphysique d’un Jarry (Alfred) jusqu’à l’enrichissement d’un Dali en son Gala, tout le clan des surréalistes désigna dans le Comte Lautréamont, pseudonyme de l’auteur des Chants de Maldoror (1869), l’un de leurs précurseurs. Toutefois une telle parenté littéraire et artistique n’était reconnue que pour les peintres et les écrivains, sûrement pas pour les auteurs de bandes dessinées. Ceux-là n’étaient même pas mentionnés dans les livres consacrés à l’Histoire de l’Art.

 

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KIWI n° 15 de novembre 1956 était un tirage mensuel « format de poche » venu de l’éditeur LUG, grâce auquel les garçons suivaient les aventurlures de deux personnages, l’un BLEK LE ROC, trappeur, et l’autre MIRKO le Petit Duc chassé de sa demeure familiale par des révolutionnaires dont les motifs politiques restaient inconnus. Son récit imagé se prolongea pendant 69 numéros de KIWI. Les péripéties vraisemblables à leurs débuts dévièrent assez rapidement vers des extravagances permettant à leur dessinateur qui signait DEVI de donner libre cours à son imagination.

 

DEVI, de son vrai nom Antonio De Vita, obtint un succès mérité par des architectures et des paysages imprégnés de déraison et qui se différenciaient totalement des trop sages décors que la censure active pendant les années 50 exigeait dans les ouvrages destinés à la jeunesse française.

 

Recherchant son père, Duc de Méloupin, MIRKO retrouve d’abord sa grande sœur dans la ville somptueuse de Sambhala, ville construite en secret dans le centre de la terre. Rien que ça ! Cette jolie demoiselle est représentée cachant son visage sous un masque de tissu comme le font les musulmanes respectueuses de leur Prophète. Un choix inattendu autant de la part de l’éditeur LUG que du dessinateur DEVI en 1956 ; mais un choix aujourd’hui conforme à l’immigration islamique peu contrôlée dans notre pays. Cependant, la sœur de MIRKO nous fait savoir que Sambhala est une ville très en avance du point de vue des technologies …

 

 

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Très en avance ? On ne le croirait pas à voir MIRKO et sa grande sœur descendre à pied par les degrés d’un escalier géant, interminable dirait-on. Les ingénieurs dans Sambhala n’ont donc pas eu l’idée de fabriquer des ascenseurs ?

 

Cet escalier sans début ni fin, préfigure d’autres arrières-plans vertigineux signés de DEVI et qui me parurent toujours non pas de simples fantaisies de bande dessinée mais les indices, les symptômes de « problèmes psychologiques » devenus inhérents à la personnalité du talentueux Antonio de Vita.

 

Allo, Docteur Freud ?

 

Doc Jivaro

 

29/11/2020

Tarzanide n° 462

 

 

Lion d’Or (Le) dans la mémoire de la Cité Montluçonnaise c’est un établissement situé sur la rive droite de la rivière le Cher. On y dansait, on s’y restaurait et pendant leur jeunesse deux de mes tantes y avaient leurs habitudes durant la période dite « entre deux guerres ». Plus tard, donc plus proche de nous, lorsque j’étais adolescent, ma grand-mère paternelle me racontait que : « Marthe, elle dépensait le pognon de son mari pour faire la belle sur le boulevard. Puis elle venait me demander de lui prêter de l’argent pour l’aider à élever son fils. Remarque, je ne lui en veux pas : elle t’a fait cadeau de la petite voiture rouge dans laquelle tu pédalais à toute vitesse dans les allées du jardin. Tu te souviens ?

 

D’un autre côté, Le Lion d’Or permettait à mon père de faire un jeu de mots adapté à ma cervelle de cinq ans : « Ce soir on est de sortie : On va au lit on dort ».

 

The Golden Lion est un film muet daté de 1929. Muet et américain. J’en connaissais l’existence mais sans avoir assisté au déroulement de sa pellicule. Un replay fourni par Drive in Movie Chanel vient de d’éprouver ma patience, non pas à cause de la simplicité du scénario qu’à cause du bruitage sans tam-tam et beaucoup trop de piano.

A mon sens ce film doit être compris comme un documentaire de l’histoire du cinéma quant à ses techniques et non pas comme une œuvre d’art valable par son scénario.

 

 

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Les connaisseurs des romans réussis par Burroughs ont toujours été étonnés par la présence d’une Betty Greystone dans ce film de 1927. Il s’agit d’une sœur soudainement attribuée à TARZAN, laquelle n’a jamais existé sous la plume du romancier Burroughs. Néanmoins, la tenue vestimentaire de cette demoiselle éphémère, col fermé du corsage et cheveux courts taillés « à la garçonne », servira à fixer le premier aspect de Jane Porter, épouse de TARZAN, dans les bandes dessinées américaines pour adultes qui suivront les films de 1927 et 1929.

 

 

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Avec TARZAN et le Lion d’Or (1927) suivi de TARZAN The Tiger (1929), deux hommes de haute stature James Pierce puis Frank Merrill pensèrent sûrement avoir fixé définitivement la silhouette de l’homme singe Lord Greystone : un athlète sauvagement vêtu d’un short en peau de léopard suspendu à une bretelles bandoulière appuyée sur l’épaule gauche. C’est d’ailleurs ainsi que le représentèrent les bandes dessinées r’américaines dans leurs débuts, voyez-ça ci-dessus : à droite celle par Rex Maxon en juillet 1931 ; celle de gauche de Hal Foster en juin 1932.

 

- Et alors ?

- Et alors c’est Johnny Weissmuller qui fera disparaître la bretelle bandoulière tout en réduisant le méchant grossier short à un petit pagne suggestif qui ne manqua pas de séduire la jeune jolie Maureen O’Sullivan en l'an 1932.

 

Doc Jivaro

 

 

14/11/2020

Tarzanides n° 460

 

Péplum baba au rhum

 

 

Lorsqu’en 1963 l’hebdo TINTIN éditait « Les Légions Perdues » j’avais depuis au moins 7 ou 8 ans abandonné les bandes dessinées que les Beaux-Arts nous apprenaient à mépriser en … ne nous en parlant jamais. Côté cinéma d’animation c’était même mutisme. Donc TINTIN et MICKEY aux abonnés absents autant à Bourges qu’à Tours et pareil encore à Paris, rue Bonaparte : Alex Raymond ? Connais pas.

 

 

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« Les Légions Perdues » titre BD réputé des ALIX. Un adolescent imaginé par le talent de Jacques Martin un Martin Jacques à ne pas confondre avec son homonyme célèbre animateur dominical de l’ancienne TV française, souvenez-vous : Y a t’il beaucoup de monde à l’arrêt de Montcuq ?

 

 

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Le dessin d’ALIX appartient à la manière dite « Ligne claire » et ceux qui me connaissent savent que j’apprécie peu ce genre de graphisme qui, à mon avis, convient mieux pour le dessin technique précis que pour le dessin manifestant des pulsions artistiques. Mais ALIX dépendait de la volonté d’un certain Hergé, lequel assurait sa réputation en respectant strictement dans ses travaux le mot d’ordre familial : propreté des locaux et tous les boutons de la chemise doivent être dans les boutonnières. Les aventures d’ALIX ont beau se dérouler dans la Rome antique, donc païenne, celle des héritiers de César, toutes les statues publiques se vêtent d’un slip et les légionnaires portent un caleçon sous leur tunique courte. Toutefois, Jacques Martin dans un portfolio daté de 1983, échappa quelque peu à la pudibonderie à laquelle les éditeurs traditionnels pour la jeunesse, le soumettaient.

 

Preuve qu’il n’est jamais trop tard pour mieux faire.

 

N’empêche ! la cinquantaine d'albums ALIX est parmi les meilleures séries venues du journal TINTIN, autant par la pertinence des scénarios que par le sérieux de la documentation qui en sous tend les péripéties. 

 

 

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Doc Jivaro

 

04/11/2020

Tarzanides n° 459

 

C’est mon mien !

 

 

Pour le dessin de ce jour, Bar Zing attendait quelque précision fiable quant au résultat prochain du match Biden-Trump. Rien n’apparaissant en ce moment, c’est Doc Jivaro qui prend le relais pour meubler l’espace.

 

Sur nos journaux populaires de BD que nous achetions d’un prix de misère tant beaucoup d’entre eux étaient maigres de quatre à huit pages, quelques gamins écrivaient leur identité comme pour réussir à se les approprier deux fois. C’était, en particulier, une précaution lorsqu’ils les prêtaient à tel ou tel autre garnement en culotte courte du quartier.

 

Nos parents ne se préoccupaient pour ainsi dire jamais de nos échanges lorsque ceux ci concernaient des « Petits Mickeys ». Par contre, lorsqu’il s’agissait de nos jouets … papa et maman surveillaient le grain, j’aime autant vous le dire.

 

 

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Généralement, le gamin écrivait au crayon, parfois à l’encre violette son … blaze. Quelques-uns nous semblaient privilégiés : ceux qui utilisaient le tampon de l’entreprise artisanale familiale. Par exemple : sur la couvrante d’un FANTAX, année 1948, peu lisible il est vrai. On y détecte à peine Olivier quelque part dans Montaigut en Combrailles.

 

- Tu veux des INTRÉPIDE ! j’en ai plein, je t’en prêtes. Tu viens chez moi après l’étude.

 

 

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Après l’étude c’est à dire après 6 heures du soir je suivis l’écolier dont le nom ressemblait fortement au mot fortune. Il logeait dans une maison toute proche des cités HLM récemment construites à cette époque passée : les Cités Pierre Leroux. Sa mère nous reçut, me paraissant  d'une corpulence de cinquante soupières cachant la table de la cuisine.

 

- Bonjour Madame.

- Bonjour.

 

Son fils me désigna d’un coup de tête de côté : « Je vais lui prêter mes INTRÉPIDE ».

 

Il apporta un paquet d’illustrés. Je me réjouissais déjà. « Pas la peine de les compter, m'an ! c’est un copain de classe ! il me les rendra ». Vlan ! Il encaissa une gifle carabinée. « C’est moi qui commande ! » dit la mère en commençant de répertorier : un, deux, trois, etc.

 

C’est à ce moment là que je m’aperçus que la maman du garçon ne disposait que d’un seul bras.

 

- Ma mère a perdu son bras pendant la guerre en Espagne, devait m’expliquer Fortunat un des jours qui suivit.

 

Fortunat ! Ça y est ! avec ou sans t à la fin, j’ai prononcé le nom de ce camarade d’école que je n’ai jamais revu depuis plus de cinquante ans.

 

Doc Jivaro